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Sauroctone

DÉFINITION // INSPIRATION

Du grec "saûros", le dragon, et "ctonos", le tueur.

 

Apollon est parfois qualifié de "sauroctone". En effet, c'est à Delphes que le dieu grec, pour venger Léto, sa mère, tue le serpent Python qui gardait la ville et son oracle, la Pythie. Après sa victoire, Delphes devient un sanctuaire dédié à Apollon. On institue aussi les jeux Pythiques, tenus tous les quatre ans pour commémorer le triomphe du dieu sur le serpent. La compétition inclut des épreuves athlétiques, mais aussi poétiques et musicales car, n'oublions pas, Apollon est aussi le dieu des Arts !

 

Notons également que dans les textes bibliques, l'Archange Michel est lui aussi qualifié de "sauroctone" car il est celui qui terrassera le Diable lors de l'Apocalypse. L'image du "dragon", du "reptile", étant ici rapprochée du "Malin".

 

Enfin, plus proche de nous, dans la très prolixe œuvre de romans fantasy de J. R. R. Tolkien, le personnage de Sauron incarne le Mal Absolu. Bien que dans l'une de ses lettres l'auteur nie le lien du nom de Sauron avec le mot grec "saûros", l'analogie est toutefois intéressante. En effet, dans l'univers de ses romans, Sauron peut aisément être comparé à Hitler... le Mal Absolu. Sauron, par exemple, industrialise le Mal en créant à la chaîne les orques, ses créatures maléfiques, tout comme Hitler avait préparé l'Allemagne Nazi à la guerre en faisant tourner les usines à plein régime pour la fabrication d'armes.

 

Le "Sauroctone" est donc celui qui combat, qui sauve.

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NOTE D'INTENTION

Une marionnette chimérique

Depuis sa création, la compagnie des Enfants Sauvages place sa recherche à la croisée des arts, en hybridant les diverses pratiques du spectacle vivant. Cette volonté, et son ancrage à Charleville-Mézières, la mène forcément à s'intéresser de très près à la marionnette, avec toutefois, quelques spécificités. Par exemple, dans le bestiaire fantastique des Enfants Sauvages, aucune marionnette anthropomorphe (1), non, car pour eux, le marionnettiste est avant tout un danseur, c'est pourquoi ils créent ce qu'ils appellent des costumes-marionnettes. Pas de contrôle direct (2), en fait, ce sont des prothèses, collées ou enfilées directement sur le corps, ou une partie du corps de l'interprète, et qui vont l'obliger à inventer un vocabulaire de mouvements inédits afin de donner vie à la marionnette. Ainsi, la manipulation devient chorégraphie, et inversement.

L'appel du Poème

Ainsi, le corps de l’interprète devient une chimère, se transforme. Dramaturgiquement, cela marque une émancipation, un devenir-autre. Sauroctone est donc une performance en trois parties distinctes, présentant les étapes successives de la transformation. La première partie est une partition de théâtre physique (voir le plan à la page suivante) et nous montre que quelque chose ne va pas chez notre personnage, comme s’il était malade, la chorégraphie est faite de convulsions. Une voix off volontairement lacunaire guide la compréhension du spectateur. À l’intérieur du personnage, quelque chose est en train de naître ; il cherche le soulagement, il ne le trouvera qu’en acceptant de libérer de son abdomen deux pattes d’oiseau. Cette première partie est inquiétante, et marque les difficultés rencontrées lorsque l’on cherche à quitter un état pour un autre. Plus largement, cela montre qu’il est bien souvent difficile d’abolir nos déterminismes pour construire une autre vie, orchestrée par de nouveaux codes, avec lesquels il nous faudra apprendre à composer.

La seconde partie, au rétroprojecteur, est divisée en deux étapes (2 et 3 sur le plan), le corps du performer, derrière l’écran de papier, joue avec les fluides colorés manipulés en direct par notre montreuse d’ombres. Comme s’il était plongé dans son univers intérieur, le personnage va à la rencontre de cet Autre en lui, qui a toujours été là, qui cherche à sortir. Comme la voix du poète qui jusqu’ici aurait été étouffée, par peur du bouleversement qu’elle provoquera. En effet, se lancer à corps perdu dans le poème, qu’il soit issu de la langue ou du corps dansant, peut être effrayant pour qui entend cet appel.

Dans la troisième partie (4 sur le plan), une chorégraphie marionnettique, chère aux Enfants Sauvages, nous montre que notre personnage a accepter cette force en lui, il la canalise, et cela permet son envol. Jouant avec les images et les inspirations du Sauroctone, cette danse évoque une poésie guerrière qui le libère de lui-même. Enfin, il est au monde, il a réussi à pacifier, unifier, les voix en lui qui semblaient jusqu’alors hétérogènes, irréconciliables. Il est au monde et se livre, pleinement.

Sauroctone présente alors le combat que tous avons à livrer avec nous-mêmes, pour se libérer du joug de la société, pour finalement mieux s’y inscrire, et trouver sa place.

 

(1) Qui ressemble à un être humain : tête, bras, jambes, corps...

(2) Dans les arts de la marionnette, un contrôle est le plus souvent une tige permettant de manipuler, de "contrôler" les mouvements de la marionnette

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HISTOIRE DE CRÉATION

Une performance issue d'une autre création

De septembre 2018 à juin 2020, les Enfants Sauvages sont les artistes en résidence au Théâtre de Charleville-Mézières. Durant la création de leur dernier spectacle, Game Over, la Ville de Charleville-Mézières leur passe commande d'une performance pour la Nuit Blanche 2019. Le lieu est tout choisi, ce sera l’Église Saint-Rémi, au cœur de la capitale marionnettique. En effet, les Enfants Sauvages l'ont investie à plusieurs reprises lors de Nuits Blanches précédentes. Alan Payon décide de créer un tout autre spectacle avec les costumes-marionnettes initialement conçus pour Game Over.

 

Sauroctone est donc une création en parallèle de Game Over, comme à la dérive pourrait-on dire. Ici, le performer explore un univers purement visuel, en s'intéressant de très près à la frontière entre le mime et la danse.

Écrire ensemble, au plateau

Lors des deux semaines de résidence passées au Théâtre Plum Yard, en Bohême du Sud, dans la rudesse de l'hiver Tchèque, Alexandre Santiago, le musicien de la compagnie, et Alan Payon ont travaillé dans la chaleur de l'improvisation. Alexandre composait de la musique en live en suivant les mouvements initiés par Alan, tous les deux essayant de se connecter au côté instinctif de leur pratique respective. Petit à petit, en reprenant ces ébauches, musique et chorégraphie sont nées en même temps, l'une nourrissant l'autre.

Contaminer l'espace

Profitant de ce cadre incroyable , les Enfants Sauvages transforment l'Église en un espace théâtral quadri-frontal de part et d'autres de la croisée des transepts (voir page 5). Le public, debout, au centre du dispositif scénographique, est invité à suivre le performer d'espace de jeu en espace de jeu.

Entre les scènes, il passe à travers la foule, joue et danse en improvisation avec les spectateurs, pour guider leurs regards d'un espace à l'autre. Le but de cette scénographie enveloppante est de troubler les sens des spectateurs, comme pour les "piéger" dans l'imaginaire du personnage.

S'adapter

Afin de pouvoir jouer partout, les Enfants Sauvages ont également créé une version frontale simple, où les écrans sont placés derrière les praticables. Dans cette version, le public est assis. Sauroctone peut aussi se jouer en extérieur, de nuit.

DISTRIBUTION

De et avec Alan Payon

Regard extérieur : Annabelle Garcia

Images rétro-projetées, construction marionnettes : Laurine Schott

Création musicale, lumières et régie : Alexandre Santiago

Création Video : Frédéric Touchard

Captation, photographie : Patrick Argirakis

Montage : Jonas Coutancier

 

Une production Les Enfants Sauvages. Coproduction : Nuit Blanche de Charleville-Mézières, Théâtre de Charleville-Mézières, Théâtre Louis Jouvet, scène conventionnée d'intérêt nationale de Rethel, Théâtre Victor Hugo - Vallée Sud Grand Paris, Théâtre Plum Yard - République Tchèque, compagnie Emilie Valantin - Le Teil. Soutiens : le Volapük - Tours, l'Avant-Scène - Dunkerque

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